« Le siècle sera féminin ou ne sera pas… », de Dominique Coubes et Nathalie Vierne. Théâtre du Gymnase Marie-Bell, Paris.

Le-siecle-sera-feminin-ou-ne-sera-pas | © Dominique Coubes

Ecrit par Praskova Praskovaa

Août 2009

Cacophonie de convictions

 

Paris en Août est une enclave de rêve où l’on a envie de flâner : une lumière ocre ravive l’histoire des pierres qui longent la Seine. Et les allées sublimes sans voitures sont occupées par quelques « velib » épars et des taxis vides. Une foule paisible erre avec sérénité, et l’on perçoit du bout de terrasses ensoleillées des bribes de conversation aux accents divers.  Mes pas me guident vers le Boulevard Bonne-Nouvelle pour une soirée impromptue au Théâtre du Gymnase – Marie-Bell.

Ce théâtre privé, qui booste ces programmations tout en cultivant une longue tradition stylistique du « boulevard », continue de produire et de recevoir des talents étonnants. C’est en découvrant la liste des acteurs qui ont fréquenté cet endroit, de Polanski à Coluche, en caressant du regard la figure dessinée par Jean Cocteau sur un mur des coulisses que l’on s’imprègne vraiment de cette égrégore* de virtuosité qui plane au-dessus les lieux. Pour cette soirée estivale, j’ai choisi une comédie légère de Dominique Coubes et Nathalie Viernes. Le Siècle sera féminin ou ne sera pas… 

Ce couple d’inséparables, Dominique Coubes et Nathalie Viernes, a co-signé cette allégorie familière. La pièce est bâtie sur un texte libre, ample, incisif, riche d’intimité et d’expériences privées. Présenté avec l’alibi d’un prétexte politique (ça se passe pendant les élections présidentielles), elle permet d’aborder les clivages féminins-masculins et leurs incohérences. Pourtant, malgré son contenu, ce n’est pas une pièce politique, ni une pièce féministe même avec ce titre suggestif. Avec un budget important de 600 000 €, la production propose un décor conséquent avec une distribution phare et éclectique de 11 comédiens regroupant toutes les catégories socioprofessionnelles.  Ce petit monde, toutes générations confondues, évolue dans une harmonie relative, à l’intérieur d’un bâtiment Haussmannien chic – très chic !

Quant à la pièce, l’action est enlevée, soutenue par des couleurs vocales très marquées. Par ailleurs, les directives de mise en scène semblent avoir laissé à chaque comédien un libre arbitre pour amuser et distraire le public. Une ambiance harmonieuse règne sur le plateau. Les acteurs s’entendent, s’écoutent et se répondent pour notre plaisir et le leur.

Didier Gustin en P.D.G d’une petite P.M.E, prône des idées de Gauche, il est le « Bill Gates » de ces dames, roule en Porsche et recueille les loyers de ces locataires. Paris tenu pour cet artiste au caractère trempé habitué des one-man-shows. Il dynamise ce rôle (un peu gentillet), par une gestuelle libérée et une grande diversité d’intonations. Engoncé dans sa dignité masculine, il me fait penser à ces hommes au cœur tendre dépassé par la situation.

Son épouse (Jessica Borio) est une prof de fac humaniste qui agite les idées sociales de la gente féminine de l’immeuble et « convainc les femmes pour convaincre les maris… ». Cette actrice dynamique a pris le train en marche, apprenant son texte en 4 jours. Elle nous offre une version virevoltante du rôle. Ces deux-là sont vampirisés par l ‘excellente comédienne Colette Teissedre, féroce en belle-mère décadente.

Je citerai également Pierre Aucaigne (inouï de drôlerie), Maxime (authentique révélation de cette distribution) et Doc Gynéco, plus vrai que nature.Tout au long de la pièce, le débit du texte ne faiblit pas, et les rires fusent de bon cœur.  Même les répliques vulgaires restent pondérées et ne dépassent pas un certain classicisme dans la trivialité et l’élocution. Le public est ravi. Il boit les mots comme un muscat bien frais. On regrettera seulement les cinq dernières minutes qui s’affaissent un peu. En effet, le ton final imposé par le résultat relègue un peu l’euphorie générale. Il fallait bien qu’il y ait un gagnant à ces élections, mais était-ce le propos de ce vaudeville tonique ? ¶ 

Praskova Praskovaa

Les Trois Coups

 Le siècle sera féminin ou ne sera pas…, de Dominique Coubes et Nathalie Vierne

Mise en scène : Dominique Coubes et Nathalie Vierne

Avec : Didier Gustin, Jessica Borio, Pierre Aucaigne, Doc Gynéco, Lucie Jeanne ou Patricia Kell, Isabelle Ferron ou Cerise, Maxime ou Philippe Cura, Kym Thiriot, Ingrid Mareski, Colette Teissedre, David Dubus

Décor : Norbert Journo

Lumières : Jacques Rouveyrollis

Théâtre du Gymnase – Marie-Bell • 11, boulevard Bonne-Nouvelle • 75010 Paris

Réservations : 01 42 46 79 79

http://www.theatredugymnase.com/accueil.html

Du mardi au samedi à 20 heures jusqu’au 2 janvier 2010

37 € – 29 € – 22 € – 16 €

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