Orchestre national de Montpellier. Direction Alexander Vakoulski, piano Boris Berëzovski. Le Corum Montpellier.

Alexander Vakoulski, chef d'orchestre | © Alexander Vakoulski

Ecrit par Praskova Praskovaa

Oct 2007

Alexander Vakoulski, une direction exaltante

 

Soirée Russe exceptionnelle, entre les mains (direction sans baguette) du vieux lion Alexander Vakoulski…

Dès les premières mesures, le maître s’approprie la direction et insuffle à l’orchestre qui somnole son pouvoir et sa rigueur absolue. Une énergie gestuelle pleine, sobre sous une forme académique qui relève de la tradition slave et de l’enseignement apportée à cet art si particulier. L’orchestre mettra quelques mesures à pouvoir relever le défi de fournir la pâte sonore demandée, ce son-là. L’œuvre aux accents ibères composée par Svetlanov ne déroge pas à l’utilisation inconditionnelle des russes pour le traité d’orchestration de Berlioz. Classique, foisonnant d’une belle palette de couleurs, elle se déploie dans l’élan symphonique de la masse orchestrale avec un charme instinctif pour l’oreille.

Malheureusement, la suite du concert qui propose le Concerto pour la main gauche de Ravel ne s’adapte pas vraiment au programme énoncé. Fragilisé, l’orchestre ainsi que le chef moins à l’aise dans cette forme musicale impressionniste, ne donne pas une vraie place à cette œuvre majeur.

Interprété par le jeune colosse Boris Berëzovski, dont l’élan musical reste fascinant, l’esprit ravélien demeure bourru et éreintant dans ce répertoire qui se voudrait plus fluide. L’interprétation époustouflante de profondeur, quasi lyrique, sonne trop dense pour cette musique! Il semble  même que ce soit seulement à la Coda finale qu’il parvienne enfin à se connecter à l’œuvre. De sa propre énergie magnifiée, retrouvant un répertoire plus approprié, il nous offre deux jolies pièces romantiques d’une grande élégance… (Rendez-vous musical incontournable à prendre ultérieurement avec cet artiste fougueux.)

C’est avec la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, œuvre courante du répertoire de l’orchestre, qu’Alexander Vakoulski va déployer des trésors de volupté. Au second mouvement, son inspiration s’élève encore et nous plonge dans l’extase d’une pièce (trop entendue, il est vrai), mais dirigée cette fois, avec une sensibilité magnétique et charnelle incomparable.

Originellement un peu mièvre au niveau mélodique, ce passage à l’intonation folklorique candide est, pour une fois, largement rehaussé par la direction subtile de ce chef merveilleux. Il manie l’ensemble dans un concentré d’apothéose sonore, du plus doux au plus puissant des Forte. Chaque instrumentiste se révèle enfin à sa juste mesure, dans l’ampleur de son jeu. Cette libération d’énergies multiples, provoque une symbiose magique entre le chef et la phalange. Heureux, le maestro slave rendra, lors des saluts, un véritable hommage à l’orchestre de Montpellier. Spaciba !

Alors que le public trépigne, le bon chef magnanime interrompt cet élan de liesse par un bis langoureux : une valse nostalgique et tendre qui nous conduit en douceur vers les bras de Morphée…

Praskova Praskova

 

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