Les élans prometteurs d’Altinoglu et de Dubugnon
La programmation symphonique montpelliéraine est ici de tout premier ordre. Sous l’égide de René Koering, surintendant de la musique de la ville, elle apporte au public un panaché d’ancien et de nouveau. À travers la diversité des œuvres proposées et la qualité attractive des exécutants, elle nous propose pour ce début de saison, un concert prometteur, qui annonce, à mon sens, la couleur exaltante du futur.
En première partie, les très attendus Arcanes symphoniques de Richard Dubugnon, compositeur en résidence dont l’écriture et l’orchestration s’exhalent dans un style purement impressionniste. C’est beau, comme un petit miracle. Il réalise par une utilisation subtile des timbres en coordonnant leur couleur, une palette musicale  effervescente qui surprend au premier abord par son esprit légèrement décousu. Néanmoins, c’est dans un foisonnement de transparences vibratoires qu’il convainc.
Ces arcanes I, VII, VIII, IX, XII ponctués par de trop nombreux silences, sont déstabilisés dans leur élan harmonique, et installent de ce fait, une sorte d’incertitude musicale. En effet, cela n’affirme pas toujours l’originalité talentueuse du compositeur. Mais, sa créativité reprend le dessus pour nous émerveiller dans l’arcane de la Lune et celle du Monde. En nous offrant une profusion de couleurs rythmiques et orchestrales de son cru, il conçoit de vraies envolées lyriques énergétiques, qui se déploient à travers le chant diaphane d’une soprane. Cette voix vient tout naturellement prendre sa place d’instrument au sein de l’orchestre. Belle signature, pour ce compositeur à suivre sans perdre de temps…
Ce concert propose de belles surprises. On se réjouit de la présence tutélaire du pianiste de 82 ans Aldo Ciccolini. Impérial dans sa dignité, au-delà de ses doigts, il nous fait vivre une interprétation quasi mystique du concerto n° 2 de Rachmaninov. Son second mouvement habité d’une sérénité extatique, reflète sa longue quête artistique. Il ne lâche jamais son clavier, à la grâce de lui-même et de son propre tempo. (Dur, dur pour le chef). Un grand maître du clavier, oui ! un très grand maître de musique !
C’est en dernière partie que l’on assiste à une prestation flamboyante d’Alain Altinoglu en osmose avec l’orchestre. Le frémissement charnel impressionniste de Maurice Ravel émeut jusqu’à l’extase. Il nous conduit dans le jardin d’Éden, celui de Daphnis et Chloé. En effet, cette œuvre est parfaitement appropriée pour se fondre dans ce programme de rêve concocté par Monsieur Koering !
Malheureusement, le Bis de l’orchestre, Tea for two, partait d’un bon sentiment mais, c’est révélé être, en fin de soirée, un très mauvais arcane pour notre XV de France. ¶




